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Samanta Tello, Silenced Voices of Everyday Sheroes
Colloque

Injustices épistémiques : approches en philosophie sociale, morale et politique

Epistemic injustices : perspectives and directions in social, moral and political philosophy

Organisation : Magali Bessone (PR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ISJPS), Marie Garrau (MCF, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ISJPS), Cécile Lavergne (MCF, Université de Lille, STL)


Programme

JEUDI 19 MAI

9h : Accueil

9h30-12h30 : Epistemic effects of domination

Présidence de séance : Astrid von Busekist (Science Po Paris)

9h30-10h30 : Miranda Fricker (City University of New York) « Institutionalised Testimonial Injustices »

10h30-11h30 : Emmanuel Renault (Université Paris Nanterre, Sophiapol) « How does epistemic justice relate to domination ? »

11h30-12h30 : Amandine Catala (Université du Québéc à Montréal) « A pluralist conception of epistemic injustice and agency»

14h-17h : Epistemic silencing and ignoring

Présidence de séance : Isabelle Aubert (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

14h-15h : Alexane Guérin (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ISJPS) « Date rape victims as non-ideally traumatized victims : Analysis of agential epistemic smothering » (in videoconference)

15h-16h : Shannon Sullivan (University of North Carolina at Charlotte) « The Epistemology of Ignorance and Unconscious Habits of Whiteness »

16h-17h : Magali Bessone (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, ISJPS) « ‘L'Européen sait et ne sait pas'. Frantz Fanon and epistemologies of ignorance »

 

VENDREDI 20 MAI

9h30-12h30
Epistemic Agency and Responsibility

Présidence de séance : Eléonore Le Jallé (Université de Lille)

Lubomira Radoilska (University of Kent) « Answerability and Epistemic Dis-Credit »

Amaranta Lopez (EHESS, Institut Jean Nicod) “Algorithmic Oppression and Epistemic Injustice”

Cécile Lavergne (Université de Lille, STL) « The Inquiry on epistemic injustices : epistemological issues »


MARDI 17 MAI
MESHS DE LILLE
14H-17H

Workshop avec Amandine Catala  (Université du Québéc à Montréal, CRIDAQ, IREF) (dans le cadre du projet EVEREST)

Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l'injustice et l'agentivité épistémiques

Organisation : Cécile Lavergne (MCF en philosophie, STL, Univ de Lille), Marion Carrel (PR en sociologie, CeRIES, Univ de Lille), Aline Chamahian (MCF en sociologie, Université de Lille, CeRIES)

« Enquêter sur les situations de vulnérabilité en temps de COVID : l’apport des travaux sur l’injustice épistémique »

 

Participer à la réunion Zoom

https://univ-lille-fr.zoom.us/j/99617134238?pwd=YlgwRVlHdmJGWm5RRFZXOVIreW94UT09

ID de réunion : 996 1713 4238
Code secret : 572477

 

Programme

14h-14h45. Présentation des travaux sur l'injustice épistémique par Amandine Catala

15h-16h. Séance de questions élaborées par l’équipe du projet de recherche EVEREST 

pause

16h15-17h Discussion avec le public

 

 

Argumentaire du colloque – Version française :

L’injustice épistémique, définie par la théoricienne Miranda Fricker dans son livre Epistemic Injustice: Power and the Ethics of Knowing, 2007, connaît une actualité importante en philosophie sociale, morale et politique, depuis une quinzaine d’année. C’est cette actualité que nous voudrions faire découvrir au public universitaire français en créant les conditions d’une réflexion et de discussions sur ce concept devenu central désormais dans le champ foisonnant des théories de la justice. Ce concept désigne pour Fricker une forme d’injustice spécifiquement liée au savoir. Fricker en dégage deux formes principales : l’injustice testimoniale, lorsque la capacité à narrer sa propre expérience est remise en question, inaudible, non légitime ; l’injustice herméneutique, qui renvoie à l’incapacité à interpréter sa propre situation ou expérience, en l’absence de compétences pour les interpréter dans les cadres dominants, ou en l’absence de ressources interprétatives propres aux groupes victimes de cette forme d’injustice.
La conceptualisation de Fricker permet de faire des questions de savoir qui est considéré·e comme un locuteur ou une locutrice digne d’être entendu·e et quelles expériences comptent socialement des questions centrales de justice. En interrogeant les déterminants sociaux et psycho-sociaux de ces formes d’injustice, elle ouvre en outre à une analyse des stéréotypes qui affectent certains groupes dans leur qualité de producteur de savoir – recoupant ainsi les théories de la reconnaissance ou la sociologie critique – et invite à une étude des mécanismes par le biais desquels se constituent des formes d’ignorance structurelle mais diversement distribuée touchant certaines expériences sociales ou certaines sphères de la vie sociale – en écho ici aux théories de l’idéologie et aux épistémologies féministes du point de vue. Enfin, en soutenant que le développement de vertus épistémiques spécifiques – telles que l’écoute, l’attention ou la responsabilité épistémique – constituent des réponses nécessaires à l’injustice épistémique, Fricker repose la question des rapports entre éthique et politique et la place des vertus épistémiques dans un projet politique de transformation sociale. Son approche, et les travaux nombreux qui s’en sont nourris, en particulier dans le champ des études sur le genre et la race, restent encore peu connus et travaillés en France et méritent à ce titre de faire l’objet d’un colloque qui tire le bilan des travaux faits sur la question tout en ouvrant des pistes nouvelles de recherche.
Le colloque s’articulera ainsi autour de trois axes principaux : (1) un premier axe, conceptuel, se donnerait pour but d’interroger le périmètre du concept d’injustice épistémique et sa pertinence pour penser un certain nombre de phénomènes sociaux, ainsi que ses rapports avec des concepts proches et davantage mobilisés en France, tels que les concepts de violence symbolique ou déni de reconnaissance ; (2) un deuxième axe, relevant davantage de la philosophie sociale, viserait à questionner les déterminants sociaux et psycho-sociaux du phénomène en question et la manière dont ils sont analysés, dans le travail de Fricker et au-delà – en particulier dans les travaux de Charles Mills, Shannon Sullivan ou José Médina. On se concentrera en particulier dans ce cadre sur la manière dont les auteurs et autrices qui mobilisent ce concept résolvent la question de l'articulation entre vices et vertus d’un côté (ou dispositions perceptuelles et morales) et structures sociales, et sur la place qu’ils et elles donnent dans l’étiologie des injustices épistémiques aux rapports sociaux de domination. Enfin (3), un troisième axe, relevant de la philosophie politique cette fois, posera la question de savoir ce que fait ce concept à nos conceptions de la justice et la question des formes de résistances et dispositifs institutionnels à même d’y répondre. Comment concevoir la justice épistémique, et ses rapports avec la justice sociale et la justice distributive. Comment articuler le souci de cultiver les vertus épistémiques requises et l’impératif de modifier les conditions structurelles de production du savoir et d’allocation des positions au sein de l’espace social du savoir ? Quels enseignements peuvent-être tirer de l’expérience des mouvements sociaux passés ? Telles seront quelques-unes des questions sur lesquelles nous nous concentrerons.


Argument of the conference – English version :

Epistemic injustice, as defined by theorist Miranda Fricker in her book Epistemic Injustice: Power and the Ethics of Knowing (2007) has been an important topic in social, moral and political philosophy for the last fifteen years. We would like to share this news with the French academic public by creating the conditions for reflection and discussion on this concept that has become central in the abundant field of theories of justice. For Fricker, this concept designates a form of injustice specifically linked to knowledge. Fricker identifies two main forms of injustice: testimonial injustice, when the ability to narrate one's own experience is questioned, inaudible, non-legitimate; and hermeneutical injustice, which refers to the inability to interpret one's own situation or experience, in the absence of skills to interpret them within the dominant frameworks, or in the absence of interpretative resources specific to the groups that are victims of this form of injustice.
Fricker's conceptualization allows for questions of who is considered a speaker worthy of being heard and what experiences count socially to be central questions of justice. By questioning the social and psycho-social determinants of these forms of injustice, she also opens up an analysis of the stereotypes that affect certain groups in their capacity as producers of knowledge - thus intersecting with theories of recognition or critical sociology - and invites a study of the mechanisms by means of which forms of structural but diversely distributed ignorance affecting certain social experiences or certain spheres of social life are constituted - echoing here theories of ideology and feminist epistemologies of point of view. Finally, by arguing that the development of specific epistemic virtues - such as listening, caring, or epistemic responsibility - are necessary responses to epistemic injustice, Fricker restates the question of the relationship between ethics and politics and the place of epistemic virtues in a political project of social transformation. His approach, and the numerous works that have been inspired by it, in particular in the field of gender and race studies, are still little known and studied in France and therefore deserve to be the subject of a conference that takes stock of the work done on the question while opening up new avenues for research.
The conference will thus be structured around three main axes: (1) a first, conceptual, axis would aim at questioning the perimeter of the concept of epistemic injustice and its relevance to think about a certain number of social phenomena, as well as its relationship with similar concepts that are more widely used in France, such as the concepts of symbolic violence or denial of recognition; (2) a second axis, more related to social philosophy, would aim at questioning the social and psycho-social determinants of the phenomenon in question and the way they are analyzed, in Fricker's work and beyond - in particular in the works of Charles Mills, Shannon Sullivan or José Médina. We will focus in particular on the way in which the authors who mobilize this concept resolve the question of the articulation between vices and virtues on the one hand (or perceptual and moral dispositions) and social structures on the other hand, and on the place they give in the etiology of epistemic injustices to social relations of domination. Finally (3), a third axis, this time in political philosophy, will ask the question of what this concept does to our conceptions of justice and the question of the forms of resistance and institutional arrangements capable of responding to it. How to conceive epistemic justice, and its relationship with social justice and distributive justice. How can we articulate the concern to cultivate the required epistemic virtues and the imperative to modify the structural conditions of knowledge production and position allocation within the social space of knowledge? What lessons can be drawn from the experience of past social movements? These are some of the questions we will focus on.

 

 

Affiche
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Affiche workshop
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