La nature et le bien
L'éthique d'Aristote et la question naturaliste
La référence à la nature, qu’elle soit normative ou descriptive, croise les thèmes essentiels de l’éthique d’Aristote : la fin ultime, l’acquisition des vertus, le plaisir et les émotions, les liens relationnels, la justice et la vie en cité, la responsabilité. L’éthique aristotélicienne n’est pas pour autant « naturaliste » au sens où le bien humain dériverait de tendances et de prédispositions naturelles. Cet ouvrage, en procédant à une étude systématique de la référence à la nature dans l’éthique aristotélicienne, défend une nouvelle interprétation du naturalisme pratique d’Aristote : un naturalisme critique, le plus souvent dialectique, qui s’interroge sur les conditions de base du bien humain ; non pas un naturalisme scientifique, en vertu duquel la biologie serait source de prescriptions morales, mais un naturalisme problématique qui délimite des possibilités d’agir. L’une des tâches primordiales du théoricien de l’éthique, comme celle du politique actif, est précisément d’évaluer dans quelle mesure le bien humain dépend de la nature ou s’en affranchit.