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Salon Philo
Rencontre

Salon Philo - Marion Chottin

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Bibliothèque François-Cuzin

 

ATTENTION RENCONTRE ANNULÉE (une nouvelle date vous sera prochainement communiquée)

Rencontre avec Marion Chottin, autour de son ouvrage, à paraître aux ENS éditions :

Handicap, déficience, différence : une introduction aux Disability Studies

Cet ouvrage a pour but d’introduire le public français aux Disability Studies, ou études sur le handicap, champ de recherche pluridisciplinaire situé dans le domaine des sciences humaines et sociales, qui, depuis la fin des années 1970, ne cesse de se structurer et de se complexifier, au point d’être aujourd’hui traversé d’une pluralité de courants : les Cultural Disability Studies et Critical Disability Studies, ellesmêmes diversifiées en Crip Studies, Critical Studies of Ableism, Global South Disability Studies et Dis/Ability Studies. Selon une approche indissociablement philosophique et historique, ce volume présentera, dans l’ordre de leur apparition dans les pays anglo-saxons, ces différents courants ainsi que les principaux concepts (impairment vs disability ; ableism ; disabilism ; disability as metaphor ; narrative prosthesis, etc.) et modèles (social/cultural/relational/affirmative model of disability, etc.) qu’ils ont forgés pour appréhender le handicap. Il concentrera son propos sur les débats et controverses qui ont présidé à leur diversification et défendra lui-même une position en la matière :

  • La distinction entre la déficience (impairment) et le handicap (disability), qui, selon une opposition au « modèle médical du handicap » et à son identification des deux termes, marque la naissance des Disability Studies, correspond-elle à la distinction traditionnelle entre nature et culture – la déficience désignant l’altération biologique, et le handicap le désavantage social ?
  • Une telle distinction, caractéristique du « social model of disability », ne revient-elle pas à minorer, voire à nier l’ancrage biologique de l’expérience du handicap ? En ce sens, les personnes ne seraient pas handicapées (disabled) – comme peuvent le soutenir les tenants du modèle social du handicap – du seul fait de l’organisation et des institutions sociales, mais aussi en raison de leurs déficiences, en tant qu’elles suffisent à imposer des restrictions d’activités. Ne peut-on pas défendre, à l’inverse, l’idée que la déficience est susceptible d’être le lieu d’un vécu heureux, ou du moins d’une différence porteuse d’un potentiel créatif, propre à subvertir la norme de l’individu (prétendument) valide ? Les artistes sourds, aveugles, porteurs de handicap psychique, physique ou mental ne sont-ils pas là pour l’attester ?
  • Contre cette objection de l’oubli du biologique, ne faut-il pas plutôt soutenir que la déficience elle-même relève d’une construction discursive et sociale, et fait à ce titre partie du désavantage social subi par les personnes handicapées ? Par exemple, la cécité n’a-t-elle pas été conçue, dans l’Histoire (de Tirésias au mage hugolien en passant par Milton et la mystique de l’âge classique), comme tout autre chose qu’une déficience, à savoir une condition sensorielle propice à l’illumination de l’esprit ? Jusqu’à la fin du XXe siècle et l’affirmation, notamment, de la culture sourde, les arts et la littérature n’ont-ils charrié que des représentations grotesques ou tragiques du handicap (Brueghel l’Ancien, Vélasquez, etc.) et ainsi participé à la perpétuation de ses stéréotypes, ou ont-ils au contraire contribué à sa visibilité et à l’affirmation de sa puissance subversive ?


Intérêt scientifique

À la difference des Gender Studies apparues à peu près au même moment dans le monde anglosaxon, les Disability Studies demeurent, en France, très largement méconnues. Non que le handicap n’y soit pas étudié par les sciences humaines et sociales – il l’est peu, mais il l’est, comme en témoignent les recherches menées par l’historienne Zina Weygand, les anthropologues Henri-Jacques Stiker, Charles Gardou et Florence Weber, les sociologues Jean-François Ravaud, Serge Ebersold, Alain Blanc, Isabelle Ville, Andrea Benvenuto, le politologue Claude Martin, les philosophes Danielle Moyse, Bertrand Quentin, Pierre Ancet et Anne-Lyse Chabert. Ces chercheurs déploient des recherches originales (réunies, dans les pays anglophones, sous l’appellation de « French Disability Studies »), dont quelques-unes – au premier chef celles de Henri-Jacques Stiker, dont l’ouvrage Corps infirmes et sociétés (Aubier Montaigne, 1997) a été traduit en anglais sous le titre A History of Disability (The University of Michigan Press, 2000) – sont bien connues de leurs homologues anglophones. Mais la réciproque n’est pas vraie : aucun spécialiste français du handicap n’a publié d’ouvrage consacré aux Disability Studies. Le volume dont nous soumettons le projet à votre appréciation viendrait ainsi combler un véritable vide éditorial.

 

Attention inscription obligatoire en écrivant à l’adresse :
philobib@univ-paris1.fr