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Journée d'étude

Philosophie et Psychanalyse

Le séminaire "Philosophie et Psychanalyse" a été animé au sein de l’université Paris 1, de 2008 à 2018,  par  Guy-Félix  Duportail.  Ce  dernier  partait  du  constat  que  la  philosophie,  de  tradition  continentale  comme  analytique,  pense  aujourd’hui  pouvoir  faire  l’économie  de  la  psychanalyse.  C’est en réponse à cette absence que le séminaire a permis, chaque année, de renouer le dialogue entre philosophie et psychanalyse. Ce constat nous souhaitons à la fois l’étendre, et le recentrer, autour du champ émergeant de la philosophie  de  la  psychiatrie  et  de  la  psychopathologie.  On  a  vu  en  effet  se  développer,  ces  dernières années, un intérêt croissant des philosophes pour le domaine de la santé mentale, sous l’impulsion d’un renouvellement de la psychiatrie phénoménologique mais aussi de l’intégration de la  psychopathologie  au  sein  de  la  philosophie  analytique.  Si  l’on  ne  peut  que  se  réjouir  de  ce  renouveau, on notera néanmoins l’absence de la psychanalyse que les philosophes de la psychiatrie ne se donnent parfois même plus la peine de réfuter. C’est pourtant oublier que l’œuvre de Freud, au-delà de la révolution théorique qu’elle a constitué pour  la  tradition  philosophique,  a  aussi  contribué  à  redéfinir  en  profondeur  les  contours  de  la  clinique des maladies mentales. Cet oubli amène alors bien souvent les philosophes à répéter, sans le  savoir,  des  questions  déjà  anciennes  pour  la  psychanalyse :  Doit-on  faire  preuve  d’empathie  à  l’égard du patient ? Est-il possible de comprendre ce que nous dit le sujet psychotique ? Peut-on affranchir  la  maladie  mentale  du  modèle  médical ?  Si  l’on  aurait  certes  tort  de  croire  que  la  psychanalyse possède toutes les réponses à ces questions, il ne serait pas moins erroné et naïf de faire l’économie de la manière originale dont elle les a investies et travaillées. Pour  réfléchir  aux  possibles  apports  de  la  psychanalyse  à  la  philosophie  de  la  psychiatrie  nous  commencerons  par  nous  pencher,  cette  année,  sur  la  notion  de  "symptôme".  Si  le  symptôme  traverse l’ensemble de la philosophie de la psychiatrie il est rarement interrogé pour lui-même et, lorsqu’il l’est, c’est seulement comme articulation à un trouble sous-jacent dont il serait le signe ou la  manifestation.  On  ne  saurait  sous-estimer,  à  cet  égard,  l’apport  de  la  psychanalyse  qui  en  repensant le symptôme non seulement comme un indice, mais encore comme un compromis, en réinvente le sens et le replace au cœur de la clinique. L’ambition du séminaire ce semestre sera donc de  montrer  la  place  centrale  qu’occupe  la  notion  de  symptôme  au  sein  de  la  philosophie  contemporaine, de mettre en lumière les apports de la psychanalyse à ces réflexions en cours, mais aussi d’interroger en retour les raisons de son absence au sein d’une partie des débats actuels.

 

Prochaine séance : 29 mai

Pierre-Henri Castel (CNRS-EHESS, LIER)
"Quelques éléments pour une histoire conceptuelle de la notion de symptôme en psychanalyse, depuis Freud"

Résumé : "Quand Freud invente la psychanalyse, la notion de symptôme qu’il mobilise est intrinsèquement liée aux descriptions psychopathologiques contemporaines d'entités morbides bien spécifiques. Ce sont ces symptômes-là que guérit la psychanalyse. On peut faire l'hypothèse que si la psychanalyse est susceptible d'une histoire vraiment conceptuelle de son autonomisation, les avancées s’y mesurent à l'écart à ce premier modèle. Sauf chez les psychanalystes fidèles au modèle médicopsychologique freudien, mais aussi chez Lacan, "symptôme" ne fait quasiment plus partie de la grammaire conceptuelle de la psychanalyse d'aujourd'hui. Pourquoi ?"

Renseignements : Mathieu.Frerejouan-Du-Saint@univ-paris1.fr

 

Programme 2020 - 2021 :"Le symptôme"

samedi 30 janvier – 10h30-12h30
Alain Ehrenberg (CNRS - CERMES3)
"D’Œdipe à Narcisse : symptômes et normativité sociale"

samedi 27 février – 10h30-12h30
Sarah Troubé (Université Côte d’Azur, LIRCES)
"Jouissances et violences du symptôme : la philosophie de la psychiatrie face à la pulsion de mort"

samedi 27 mars – 10h30-12h30
Dorothée Legrand (CNRS-ENS)
"Tentative de guérison"

samedi 24 avril – 10h30-16h30
Journée d’étude autour de L’éclipse du symptôme de Steeves Demazeux

samedi 29 mai – 10h30-12h30 
Pierre-Henri Castel (CNRS-EHESS, LIER)
"Quelques éléments pour une histoire conceptuelle de la notion de symptôme en psychanalyse, depuis Freud."

samedi 26 juin – 10h30-12h30 
Samuel Lézé (ENS-Lyon - IHRIM)
"Les appuis conventionnels du délire"

 

Programme de la journée d'étude

Journée d’étude autour du livre de Steeves Demazeux   
L’éclipse du symptôme 

10h30 - Steeves Demazeux (Bordeaux-Montaigne, SPH) : Présentation du livre  

11h - Elodie Boissard (Paris 1 – IHPST) : « L'ambiguïté du symptôme lors de la naissance de la sémiologie psychiatrique : illustration par l'humeur dans la mélancolie chez les aliénistes et les premiers psychiatres français » 

11h30 - Pierre-Henri Castel (CNRS-EHESS, Lier-FYT) : « Sémiologie psychiatrique et théorie du “signifiant” : de quelle clinique parle-t-on ? » 

12h : Réponses par Steeves Demazeux 

14h - Elisabetta Basso (ENS-Lyon, CAPHES) : « La place de la clinique dans la “nouvelle philosophie de la psychiatrie”. Remarques à partir du volume de Steeves Demazeux » 

14h30 - Mathieu Frèrejouan (Paris 1 – ISJPS) : « Remarques sur “l’appareil sémiologique” : quels langages pour la clinique ? » 

15h-15h15 : Pause 

15h15-15h45 - Anne Waeles (Paris 1 – IHPST) : « De la psychose maniaco-dépressive aux troubles bipolaires : éclipse du symptôme ? » 

15h45 : Réponses par Steeves Demazeux