Image de couverture
Colloque

Penser l’image en situation

Exposer la peinture médiévale à la lumière du jour

Présentation

Ce projet part de l’hypothèse suivante : l’œuvre picturale façonne voire construit tant le lieu dans lequel elle est présentée que l’observateur à qui elle s’adresse. Là où cette rencontre est entravée, l’expérience et la compréhension de l’œuvre risquent d’être profondément perturbées. La manifestation et le sens d’une œuvre ne sauraient être indépendants de ses conditions de présentation.

La question est particulièrement délicate pour la présentation des œuvres d’art médiévales, que nous avons tendance aujourd’hui à exposer d’une manière profondément anachronique. Or, alors que dans l’analyse historique des œuvres in situ (mosaïques, fresques), le rôle du lieu d’exposition est toujours davantage pris en considération, le statut des œuvres mobiles (peinture, sculpture) est encore trop souvent laissé de côté. L’analyse des œuvres mobiles est au mieux ramenée à l’étude de leur lieu physique d’origine, et non pas à leurs conditions historiques de présentation et de réception.
Plusieurs développements théoriques récents (acte d’image, situation iconique) nous amènent à reconsidérer le concept d’original dans notre compréhension des œuvres. Il ne s’agit plus de penser l’original comme intrinsèquement lié à son substrat matériel, mais plutôt à partir de l’ensemble des effets produits par l’œuvre. Ce n’est donc pas simplement parce qu’on est matériellement en présence de l’original qu’on peut le rencontrer, il faut encore un éclairage adéquat. En principe, pour les œuvres d’art médiévales, cet éclairage doit être naturel, relativement faible et ne doit pas être diffus. Est-il possible de reconstituer ces conditions avec des moyens techniques ? Certains le prétendent, d’autres le contestent.
Afin de renouveler notre approche nous réunirons des historiens de l’art et des idées, mais aussi des architectes, des restaurateurs et des éclairagistes.

Notre recherche sur les conditions iconotopiques d’exposition semble rejoindre certaines préoccupations qui furent celles de l’historicisme. Il est donc nécessaire de comparer notre approche avec la muséologie historiciste du passé et de pointer les apories de cette dernière. Exposer la peinture médiévale au musée de façon critique et historique ne peut en effet pas signifier une reconstruction complète des lieux d’exposition. Ce colloque entend renouveler la réflexion muséologique sur la conception et l’architecture des lieux d’exposition.
L’étude des œuvres d’art et de leurs conditions historiques de présentation, d’installation et d’éclairage permet de décrire des effets plastiques propres aux images. Elle jette également une lumière nouvelle sur leur iconographie et leur sens. On remarque p. ex. que la situation de contre-jour ne doit être en aucun cas évitée, en particulier pour des œuvres très étudiées (Madone Sixtine de Raphaël, Jugement dernier de Giotto à Padoue), et qu’elle joue un rôle majeur dans la manière dont ces œuvres apparaissent. A travers un choix d’œuvres-clés, on devrait pouvoir montrer ce que cela signifie pour l’étude de leur technique picturale et de leur perception, mais aussi pour leur interprétation. On remarque par là que nos habitudes dans l’exposition des œuvres du moyen-âge tardif et modernes méritent d’être profondément repensées.

Les conditions de présentation, en particulier des collections de peinture, pourraient être fondamentalement reconsidérées en accordant plus d’importance aux propriétés intrinsèques de l’œuvre. L’accrochage des images et leur éclairage pourraient d’abord suivre des critères iconotopiques plutôt que des standards de visibilité supposés répondre aux « attentes du public », et qui risquent de faire écran. Ce n’est pas les œuvres qui devraient s’adapter à leur lieu mais l’inverse.


Organisateurs

Franz Engel (HU Berlin)
Bruno Haas (Paris 1)
Thomas Le Gouge (BnF)
Saskia Quené (projet Global Horizons, Berne)

 

Littérature (choix)

  • Barasch, Moshe : Light and Color in the Italian Renaissance Theory of Art, New York 1978.
  • Barnaby, Alice : Lighting Practices in Art Galleries and Exhibition Spaces, 1750–1850, in : The iernational handbooks of museum studies, hg. von Sharon Macdonald, Helen Rees Leahy, Bd. 3 : Museum media, hg. von Michelle Henning, Chichester, West Sussex, 2015, S. 191–213.
  • Baselitz, Georg : Vier Wände und Oberlicht oder besser: kein Bild an die Wand, in : Kunstforum 34 (1979), S. #–#.
  • De Giorgi, Manuela : Die Farben des Todes. Überlegungen zu Giotto in Berlin, in: Ausst.-Kat. : Rothko – Giotto, hg. von Stefan Weppelmann und Gerhard Wolf München 2009, S. 135–152.
  • Engel, Franz: Bildort, in: 23 Manifeste zu Bildakt und Verkörperung, hg. v. Marion Lauschke u. Pablo Schneider, Berlin 2017 (Image Word Action 1), S. 35–41.
  • Fontoynont, Marc (Hg.) : Daylight Performance of Buildings, London 1999.
  • Haas, Bruno : Die ikonischen Situationen, Paderborn 2015.
  • Hilmer, Heinz/Sattler, Christoph : Vier Wände und Oberlicht, in: Staatliche Museen zu Berlin – Preußischer Kulturbesitz (Hg.): Gemäldegalerie Berlin : der Neubau am Kulturforum, Berlin 1998, S. 40–57.
  • Klonk, Charlotte: Spaces of experience : art gallery interiors from 1800 to 2000, New Haven 2009.
  • Mondini, Daniela/Ivanovici, Vladimir (Hg.) : Manipolare la luce in epoca premoderna. Aspetti architettonici, artistici e filosofici, Mendrisio 2014.
  • Newhouse, Victoria : Art and the Power of Placement, New York 2005.
  • Prater, Andreas : Licht und Farbe bei Caravaggio. Studien zur Ästhetik und Ikonologie des Helldunkels (Habilitationsschrift, München 1982), Stuttgart 1992.
  • Schöne, Wolfgang : Über das Licht in der Malerei, Berlin 1953.
  • Wagner, Christoph : Farbe und Metapher. Die Entstehung einer neuzeitlichen Bildmetaphorik in der vorrömischen Malerei Raphaels, Berlin 1999.

 

Inscriptions

Inscription obligatoire - le pass sanitaire vous sera demandé à l'entrée

  • Inscription pour le jeudi 21 octobre : les inscriptions sont closes pour ce jour
  • Inscription pour le vendredi 22 octobre : complet
  • Inscription pour le samedi 23 octobre : cliquer sur ce lien
    Les étudiants de Paris 1 peuvent entrer sans inscription en présentant leur carte d'étudiant/e

Programme

Jeudi 21 octobre
Centre allemand d’histoire de l’art Paris

45 Rue des Petits Champs

09.30 Thomas Kirchner : Salutation
Bruno Haas : Introduction

10.30 Arnold Nesselrath (Roma) :
"Reflecting on the artists' light"

11.20 Pause

11.40 Franz Engel (Berlin) :
"Iconospheres : Illuminating Raphael"

12.30 Déjeuner

14.00 Anca Vasiliu (Paris) :
"Qui voit la lumière? Approches de la pensée antique"

14.50 Thomas Le Gouge (Paris) :
"L’image située"

15.40 Pause

16.00 Niklaus Largier (Berkeley):
"To stare into the abyss of bright refulgence: Devotional paradigms of aesthetic experience"

17.00 Saskia C. Quené (Bern) :
"Light and space in Fra Angelico’s gold"

Vendredi 22 octobre
Petit Palais (pour les participants)

Av. Winston Churchill

09.00 Atelier au Petit Palais moderé par Bruno Haas
Avec la collaboration de Rick Drasdo, Solen Jaouen, Paï Liu, Florian Rada
Centre allemand d’histoire de l’art Paris

12.30 Déjeuner

14.00 Dominique Vingtain (Avignon) :
"Les fresques du musée du Petit Palais"

14.50 David Saunders (London) :
"Scientific precepts of perception, preference and preservation"

15.40 Pause

16.00 Muriel Vervat (Firenze) :
"Les secrets des couleurs de l’ombre : la technique de la peinture ecclésiastique italienne du XIIème au XIVème siècle."

17.00 Résumé : Horst Bredekamp

 

Samedi 23 octobre
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
17 Rue de la Sorbonne, Amphi Lefebvre

10.00 Bruno Haas : Introduction

10.30 Alexander Schwarz (Berlin) :
"Beleuchtungssituationen auf  der Museumsinsel und im Haus Bastian : Neue Wege"

11.20 Pause

11.40 Horst Bredekamp(Berlin) :
"DasHelleunddasDunkle"

12.30 Déjeuner

14.00 Isabelle Marchesin(Paris) :
"Géométrie lumineuse des manuscrits romans"

14.50 Serena Romano (Roma) : Seeingorunderstanding. The anachronismsoflight

15.40 Pause

16.00 Mario Nanni (Bizzuno) :
"La metaluce"

Affiche
(PDF, 277 Ko)