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Séminaire

Hegel et l’idéalisme allemand 2024-2025

Universités de Paris 1 et université de Poitiers
HIPHIMO

Séminaire organisé par Bruno Haas (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Gilles Marmasse (université de Poitiers) 

« Invention et advenue de la Nature autour de 1800 »

Dans la philosophie transcendantale, la « Nature » devient un terme technique dont le sens est dominé par l’objectivation scientifique dont Kant est l’un des théoriciens les plus avancés. Dans sa théorie de l’objet (« Gegenstand überhaupt »), il élabore moins une théorie de l’expérience quotidienne devenue douteuse après Hume et rassurée par un apriorisme subjectif que plutôt une appréciation, voire une déduction précoce du phénomène de la modélisation scientifique. La « Nature » de Kant est définie avant tut par un groupe de « principes » (Grundsätze) qui en stipulent le caractère fondamentalement quantifiable et formalisable. La Nature est quantité (1) extensive et (2) intensive, (3) elle est (a) constance quantitative, (b) succession et (c) tissu de réciprocités réglées par des relations quantifiables (exactes). La modalisation (4) de la Nature selon les postulats a une fonction structurelle, mais pas descriptive de la nature, Kant n’a pas théorisé sa quantification (si importante en physique moderne dans le calcul des probabilités).

Dès la première génération des philosophes « post-kantiens », la philosophie transcendantale et son approche de la nature inspire des réactions divergentes, encouragées notamment par la théorie kantienne de la vie qui semble rompre le cadre de son déterminisme rigide (et relativisé seulement par son éthique). Schelling concevra sa philosophie de la nature en l’orientant vers une recherche, avant tout, sur la vie interprétée d’une façon plus affirmative que Kant et en tout cas d’une façon bien plus développée. La Naturphilosophie Schellingienne inspire des approches naturalistes qui commencent lentement de se placer dans une position de contestation au sein des sciences naturelles au début du XIXe siècle tout en maintenant un lien avec la discussion scientifique internationale. La scission avec les sciences devient plus nette dans l’œuvre de Schopenhauer dont l’opposition polémique à Schelling et Hegel semble cacher une adhésion parfois troublante surtout à l’œuvre du premier. Cette scission n’est pas tout simplement due au fait que la philosophie perd tout contact avec le réel et préfère se maintenir dans des élucubrations « métaphysiques » (entendons : « gratuites ») que plutôt par le fait que le concept même de Nature semble commencer à se scinder. Cette scission du concept de « Nature » est un fait observable empiriquement dans la pensée et la culture occidentale suite à l’invention de la philosophie transcendantale. Dans une mesure qu’il s’agirait de préciser, elle semble même en être une conséquence. Cette scission semble précéder et annoncer ce que Husserl appellera plus d’un siècle plus tard, la crisis de la culture occidentale. Quelles significations le terme « Nature » acquiert-il au début du XIXe siècle dans les écrits de Hegel, Schelling, Schopenhauer et d’autres face et en réponse à la philosophie transcendantale ? Autour de 1800, la Nature semble se réinventer, sans doute en réponse à une situation historique nouvelle dans laquelle elle commence à occuper et à inquiéter les humains d’une façon nouvelle. 

La position de Hegel dans ce débat mériterait un examen approfondi. D’une part, Hegel se situe plutôt du côté du scientisme kantien avec son interprétation de « l’objectivité » qui, comme celle de Kant, semble constituer une contribution majeure à la théorie de la modélisation et de la technique, mais sa réception de la Naturphilosophie du jeune Schelling, d’autre part, reste une source majeure pour la philosophie de sa maturité, notamment dans sa conception de la vie à laquelle Hegel donne une position clé non seulement dans la philosophie de la nature, mais encore dans la logique. On ne s’étonnera donc pas si les interprétations de l’approche hégélienne de la nature divergent. 

Dans ce séminaire, nous voudrions inviter à questionner à nouveaux frais le développement de la notion de Nature autour des auteurs évoqués et ce faisant questionner notre usage contemporain de cette notion devenue si présente dans le débat politique.

PROGRAMME 
Lieu (sauf le 23 novembre) :  Bibliothèque de la Sorbonne, salle de formation
Horaire : de 10h à 12h30

Samedi 12 octobre 2024

Giulia Valpione (École Normale supérieure) : "L’individu romantique : identité, analogie, devenir dans le premier Romantisme allemand"

Ugo Batini (Professeur en classes préparatoires): "Schopenhauer : rouvrir le grand livre de la nature"

Samedi 23 novembre 2024 - Lieu : Centre Panthéon, salle 216

Elena Partene (École Normale supérieure) : "Finitude et moralité chez Kant"

Thomas Anderson (Université de Montréal/Université de Poitiers) : "Réconcilier la nature maltraitée par le système de Fichte : Hegel, controverses et écueils post-fichtéens à Iéna"

Samedi 25 janvier 2025

Florence Burgat (Archives Husserl) : "La subjectivité animale dans la pensée de Hegel"

Olivier Tinland (Université Montpellier 3) : "Parler comme un perroquet, parler comme un être humain : Rorty et Brandom face au miroir animal"

Samedi 22 mars 2025

Francesca Iannelli (Università Roma 3) : "Hegel und die Natur. Resonanzen zwischen Vergangenheit und Gegenwart"

Sean Mc Stravick (Sorbonne-Université) : "Le chiasme de la nature et de l’esprit chez Hegel. L’habitude comme ‘borne’"

Contact : gilles.marmasse@univ-poitiers.fr