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Projection

Ciné-club philo de Paris 1 / 2024-2025

L’intérêt des philosophes pour le cinéma est bien connu (entre autres : Cavell, Deleuze, Rancière) et les étudiants comme les enseignants de l’UFR de philosophie de Paris 1 Panthéon-Sorbonne sont nombreux à partager cette grande curiosité cinéphilique. Le ciné-club de l’UFR de philosophie vise à satisfaire cet amour du cinéma en montrant des films qui appellent la discussion philosophique, classiques comme raretés, films anciens comme films récents, venant de tous les continents et sans esprit de chapelle. Chaque mois (le jeudi soir), un film est choisi par un enseignant de l’UFR qui le présente et anime la discussion qui suit.

 

Première séance : Jeudi 17 octobre à 19h30,
NUIT BLANCHES
Le Notti bianche

Séance animée par Stratis Chomenidis, doctorant et chargé de cours à l’UFR de philosophie

1957 N&B. 1h47 (2K) de Luchino Visconti. Scénario: Suso Cecchi D'Amico et Luchino Visconti, d'après une nouvelle de Fiodor Dostoïevski. Photographie : Giuseppe Rotunno, 
Musique : Nino Rota. Avec Maria Schell, Jean Marais, Marcello Mastroianni, Clara Calamai, Dick Sanders

Un hiver à Livourne, en Italie, un jeune homme solitaire rencontre une femme seule, en larmes, penchée au-dessus un pont. Tous deux semblent déconnectés du monde qui les entoure. Sa solitude à lui semble raisonnable - il vient de s’installer en ville - tandis que celle de la femme est due à l’attente de son amant, disparu depuis un an. Pendant trois nuits, ils se côtoient sans cesse, fréquentant bals et fêtes ambulantes. Usant du roman homonyme de Dostoïevski comme source d’inspiration, et déplaçant simplement l’action de Saint-Pétersbourg au sud de l’Italie, Visconti nous propose une immersion dans un univers vécu par les personnages (et le spectateur) plutôt comme un rêve que comme une réalité.


Deuxième séance : jeudi 14 novembre à 19h30,
Séance animée par Amine Benabdalah, doctorant et chargé de cours à l’UFR de philosophie

BAD LIEUTENANT
1992 Coul. 1h36 (2K) de Abel Ferrara . 
Scénario : Abel Ferrara et Zoë Lund, 
Photographie : Ken Kelsch, Musique : Joe Delia,
Avec Harvey Keitel, Frankie Thorn, Victor Argo, Paul Calderon, Zoë Lund

Un flic pourri et drogué accumule les dettes. Il recherche par ailleurs les auteurs du viol d'une religieuse. 
Si « le langage de la croix est folie » alors Abel Ferrara nous propose bel et bien de suivre un homme dans une entreprise absolument insensée. et homme est un policier corrompu, polytoxicomane, violent et joueur pathologique ; un Bad Lieutenant dont la trajectoire autodestructrice est nourrie par la recherche effrénée d’une limite, d’un point d’arrêt. Ce dernier se condense finalement dans une alternative, paradoxalement proche de celle que Barbey d’Aurevilly proposait à Huysmans en 1884 : « il ne vous reste plus, logiquement, que la bouche d’un pistolet ou les pieds de la croix ».


Troisième séance : jeudi 12 décembre à 19h30,
Séance animée par Pierre-Yves Quiviger, professeur à l’UFR de philosophie

L’EMPIRE DES SENS

1976 Coul. 1H44 (2K) Int- 16 ans de Nagisa Ôshimai. 
Scénario: Nagisa Ôshima Photographie : : Hideo Itô, 
Musique : Minoru Miki. 
Avec Eiko Matsuda, Tatsuya Fuji, Aoi Nakajima

Tokyo, 1936. Kichizo, le propriétaire d'une auberge, désire fortement la servante Sada Abe. Au fil de leur relation, Kichizo a des pulsions sexuelles de plus en plus violentes.Inspiré d’un fait-divers qui a donné lieu à d’autres adaptations (par exemple La véritable histoire d’Abe Saba de Tanaka), le film de Nagisa Oshima, d’une splendeur plastique presque écrasante, expose dans toute sa
radicalité la passion amoureuse. Le film est comme emporté par son sujet et fait voler en éclat les limites de ce qu’on peut montrer dans un film « classique » - il interroge ainsi la solidité des standards de l’interdit, de l’obscène, du pornographique et montre la fragilité de certaines délimitations.
 


Quatrième séance : jeudi 16 Janvier à 19h30,
Séance animée par Sandra Laugier, professeure à l’UFR de philosophie

INVASION LOS ANGELES 
They Live

1988 Coul.scope 1h33 (4K) de John Carpenter. 
Scénario: Frank Armitage 
Photographie : Gary B. Kibbe,
Musique John Carpenter, Alan Howarth, 
Avec Roddy Piper, Keith David, Meg Foster, George "Buck" Flower, Peter Jason

John Nada, ouvrier au chômage à Los Angeles, découvre des lunettes de soleil qui permettent de voir la société telle qu'elle est réellement : gouvernée par des extraterrestres à l'apparence humaine, qui maintiennent la population dans un état d'obéissance au moyen d'une propagande aussi subliminale qu'omniprésente. John Carpenter présente son film comme un doigt d’honneur à Reagan et aux États-Unis des années 1980. Le personnage principal est un prolétaire déclassé qui prend brutalement conscience du fonctionnement réel de la société. Que faire ? Il choisit l’insurrection violente contre la classe dominante. Le doigt d’honneur devient alors un coup de poing destructeur dans le visage de l’oppresseur et salvateur dans celui de l’opprimé. Pour ce dernier, la prise de conscience est une douleur car derrière le voile se trouve le désespoir de celui qui comprend qu’il n’a plus rien à perdre ; derrière le voile se trouve la réalité objective qui ne cesse de produire un unique message destiné à son attention : OBEY
 


Cinquième séance : jeudi 13 février à 19h30,
Séance animée par Jim Gabaret, chargé de cours à l’UFR de philosophie

L’ANNÉE DERNIÈRE À MARIENBAD

1961 N&B. 1h34 (2K) de Alain Resnais . 
Scénario : Alain Robbe-Grillet, 
Photographie : Sacha Vierny, Musique : Francis Seyrig,
Avec Delphine Seyrig, Giorgio Albertazzi, Sacha Pitoëf

Dans un grand hôtel entre illusion et réalité, un homme cherche à rappeler à une femme leur amour à Marienbad et leur espoir de partir ensemble, un an auparavant. Mais elle assure ne pas se souvenir : a-t-il rêvé, a-t-elle oublié, ment elle par crainte, ou est-ce une autre impossibilité qui l’empêche de le suivre ? Pourquoi chacun agit-il ici en automate enfermé dans son rôle social, répétant les mêmes divertissements mornes, presque en objet plutôt qu’en sujet ? Pourquoi les tirades répétitives des résidents, qui ne communiquent plus vraiment entre eux, ressemblent-elles davantage à des souvenirs d’expériences passées qu’à un présent véritable ? Cette projection du chef d’œuvre d’Alain Resnais et Alain Robbe- Grillet suggérera une clé vers un sens plus clair qu’on ne le dit parfois.
 


Sixième séance : jeudi 13 mars à 19h30,
Séance animée par Stratis Chomenidis, doctorant et chargé de cours à l’UFR de philosophie

Z

1968 Coul. 2H05 (2K) de Costa-Gavras. 
Scénario: Jorge Semprún, Costa-Gavras, D'après le roman Z de Vassilis Vassilikos. 
Photographie : Raoul Coutard. Musique : Mikis Theodorakis. 
Avec Avec Yves Montand, Jean-Louis Trintignant, Irène Papas, Charles Denner, Jacques Perrin, Pierre Dux, François Périer, Marcel Bozzuffi, Bernard Fresson, Jean Bouise, Juien Guiomar

Dans un pays méditerranéen, un député progressiste est assassiné. Le juge d'instruction chargé de l'enquête met en évidence la participation de l'armée et de la police dans le meurtre. Dans le contexte de la société grecque dans années 60, portant toujours les séquelles de la guerre civile opposant les milices communistes de la résistance et l’armée, Costas Gavras propose une fresque du climat socio-politique grec en s’inspirant de l’assassinat du député Grigoris Lamprakis. Le virement autoritaire de la classe politique grecque, caractérisé par une abolition du Parti Communiste, qui opère dans l’illégalité, ainsi que le recours du gouvernement aux groupuscules d’extrême droite, est au centre du film. Le réalisateur tisse la narration de son œuvre en retraçant l’arrivée de Lamprakis, prénommé le “Docteur” (rôle interprété par Yves Montand) dans une ville du nord du pays (Thessalonique).
 


Septième séance : jeudi 10  avril à 19h30,

Séance animée par Soubattra Danasségarane, doctorante et chargée de cours à l’UFR de philosophie

LES DIABOLIQUES

1955 N&B. 1h57 (4K) de Henri-Georges Clouzot. Scénario: Henri-Georges Clouzot, Jérôme Géronimi, D'après le roman Celle qui n'était plus de Boileau-Narcejac. 
Photographie : Armand Thirard, Musique : Georges Van Parys, 
Avec Paul Meurisse, Simone Signoret, Vera Clouzot, Charles Vanel, Michel Serrault, Pierre Larquey

Michel Delasalle, directeur de collège, est un homme odieux qui terrorise tout le monde, sa femme comme sa maîtresse. Les deux femmes concluent un pacte et le tuent. Peu de temps après des événements étranges se produisent. Film inspiré du roman Celle qui n’était plus de Pierre Boileau et Thomas Narcejac (1952). L’histoire se déroule dans un pensionnat pour garçons. Christina, une institutrice, y mène une existence malheureuse auprès de son tyrannique et violent mari, Michel Delasalle, directeur du pensionnat. Elle sait qu’il a une maîtresse, Nicole Horner, professeure de l’établissement. Le générique de fin recommande aux spectateurs ayant vu le film de ne pas divulguer l’histoire. Et ce sont bien tous les ingrédients du thriller qui se retrouvent dans ce film à suspense qui connait plusieurs rebondissements. Les diaboliques c’est aussi la mise en lumière de la puissance et de la violence du patriarcat : domination, humiliation, trahison, cruauté…
 


Huitième séance : Jeudi 15 mai à 19h30,
Séance animée par Guillaume Lequien, chargé de cours à l’UFR de philosophie

UNE FEMME CHERCHE SON DESTIN 
Now Voyager

1942 N&B. 1h58 (35mm) de Irving Rapper,
Scénario : Casey Robinson, D'après le roman Now, Voyager d'Olive Higgins Prouty, 
Photographie : Sol Polito, Musique : Max Steiner, 
Avec Bette Davis, Paul Henreid, Claude Rains, Gladys Cooper

Charlotte Vale, célibataire solitaire étouffée par une mère riche et tyrannique, subit des humiliations constantes qui l’ont poussée à perdre toute confiance en elle. Face à cette situation dégradante, le docteur Jaquith est appelé pour l’aider à retrouver son estime de soi. Ce film, récompensé par l’Oscar de la meilleure musique, raconte la transformation profonde d’une femme accablée par l’emprise maternelle, qui doit apprendre à s’aimer pour reprendre le contrôle de sa vie et s’affranchir des chaînes qui l’ont jusque-là enfermée.
 


Neuvième séance : jeudi 12 juin à 19h30

Séance animée par Soubattra Danasségarane, doctorante et chargée de cours à l’UFR de philosophie

CHARULATA

1964 1h54 (2K) de Satyajit Ray, 
Scénario : Satyajit Ray, d'après une histoire de Rabindranath Tagore, 
Musique : Satyajit Ray et Rabindranath Tagore, 
Photographie : Subrata Mitra, Avec Madhabi Mukherjee, Soumitra Chatterjee, Dilip Bose

Calcutta, 1880. Bhupati, occupé par son journal, délaisse son épouse Charulata. Il fait venir son cousin Amal auprès d'elle... . "Adapté du roman de R.Tagore Nashtanir (Le nid brisé), le film explore avec délicatesse l'intrication entre les affres du désir et celles de la création ; mais par le point de vue féminin de Charulata, héroïne chargée de désirs de vie, c'est aussi le portrait politique et féministe d'une Inde encore peu illustrée au cinéma. Le roman de Tagore avait déjà fait scandale à sa sortie en 1901 dans une société indienne ultraconservatrice. Charulata est une brillante écrivaine en puissance, délaissée mais surtout interdite par le patriarcat. Sa haute caste n'y changera rien : sa vraie caste restera celle des femmes, qui n'ont droit ni au désir, ni à la création, dans un monde où les hommes seuls créent et détruisent, comme le contexte postcolonial du film le sous-entend en filigrane."
 


Affiche Ciné Club
(PDF, 2 Mo)