Ciné-club philo de Paris 1
L’intérêt des philosophes pour le cinéma est bien connu (entre autres : Cavell, Deleuze, Rancière)et les étudiants comme les enseignants de l’UFR de philosophie de Paris 1 Panthéon-Sorbonne sont nombreux à partager cette grande curiosité cinéphilique. Le ciné-club de l’UFR dephilosophie vise à satisfaire cet amour du cinéma en montrant des films qui appellent la discussion philosophique, classiques comme raretés, films anciens comme films récents, venant de tous les continents et sans esprit de chapelle. Chaque mois (le mercredi soir), un film est choisi par un enseignant de l’UFR qui le présente et anime la discussion qui suit.
Première séance : Mercredi 31 janvier à 19h30
SALO OU LES 120 JOURNÉES DE SODOME
Salò o le 120 giornate di Sodoma
Séance présentée par Pierre-Yves Quiviger, professeur de philosophie à l’UFR de philosophie
1976 Coul. 1h57 (2K) Int- 16 ans de Pier Paolo Pasolini
Scénario: Pier Paolo Pasolini, sur une idée de Sergio Citti et Pupi Avati, Inspiré par Les Cent Vingt Journées de Sodome du marquis de Sade ainsi que par la Divine Comédie de Dante
Photographie : Tonino Delli Colli
Musique : Ennio Morricone,
Avec Paolo Bonacelli, Giorgio Cataldi, Umberto P. Quintavalle
Au temps de la république fasciste de Salò, dans un grand château italien, les détenteurs du pouvoir s’acharnent sur un groupe de jeune gens soumis à une série de sévices de plus en plus humiliants…. “Le dernier film de Pier Paolo Pasolini (1922-1975), Salo ou les 120 journées de Sodome (1975) peut être décrit comme une "expérience des limites", pour utiliser une expression de Philippe Sollers. Limites de l’adaptation : Sade est un auteur qui a la réputation légitime d’être impossible à transposer en images – et il n’est pas interdit de voir dans ce film une magnifique trahison. Limites de la représentation : le film montre ce qu’on ne saurait voir ni avoir envie de voir, tant politiquement que sexuellement. On peut le trouver insoutenable, répugnant, exagérément extrême – ce qui est sûr c’est qu’il n’est pas invisible. La preuve : on va le voir.” Pierre-Yves Quiviger
Deuxième séance : Mercredi 28 février à 19h30
DOUZE HOMMES EN COLÈRE
Twelve Angry Men
Séance présentée par Marion Vorms, maîtresse de conférences à l’UFR de philosophie
Scénario : Reginald Rose, d'après sa pièce de théâtre du même nom
Photographie : Boris Kaufman
Musique : Kenyon Hopkins
Avec Henry Fonda, Martin Balsam, John Fiedler, Lee J. Cobb, E. G. Marshall, Jack Klugman
Un jeune homme d'origine modeste est accusé du meurtre de son père et risque la peine de mort. Le jury composé de douze hommes se retire pour délibérer et procède immédiatement à un vote : onze votent coupable, or la décision doit être prise à l'unanimité. Le juré qui a voté non-coupable, sommé de se justifier, explique qu'il a un doute et que la vie d'un homme mérite quelques heures de discussion. Il s'emploie alors à les convaincre un par un. “Accroche de l’affiche et de la bande-annonce originale : « Death is on their minds. Life is in their hands”. Film de procès à huis-clos qui présente la délibération des douze hommes membres du jury qui doit décider de la culpabilité d’un jeune homme de 18 ans accusé de parricide – selon le verdict il sera condamné à mort ou acquitté sur la base d’un doute raisonnable. Questions philosophiques abordées : démocratie, justice, vérité et délibération ; justice et procédure pure, parfaite, imparfaite ; importance des contraintes procédurales sur la délibération pour qu’elle produise un « bon » résultat (juste?).” Magali Bessone
Troisième séance : Mercredi 27 mars à 19H30
LA REGLE DU JEU
Séance présentée par Pierre Brunet, professeur de droit public, chargé de cours à l’UFR de philosophie
1939 1h47 (4K) de Jean Renoir
Scénario : Jean Renoir, avec la collaboration de Carl Koch,
Photographie : Jean Bachelet, Musique : Roger Désormière et Joseph Kosma, Avec Marcel Dalio, Nora Gregor, Mila Parély, Roland Toutain, Jean Renoir
Les amours contrariées d'un aviateur et de son ami pour une marquise, vues par les serviteurs du château. "La Règle du jeu est sans aucun doute l'un des films français les plus commentés tant de la part des cinéastes que des critiques. Pensé et présenté par Jean Renoir lui-même comme un « drame gai », ce dernier ajoutait que son ambition en commençant ce film était d’illustrer la formule "Nous dansons sur un volcan". Il consiste en une réflexion sur la capacité de tout individu à comprendre et à accepter la vérité que dissimule le jeu des apparences au sein de structures sociales complexes lesquelles reposent toujours sur des "règles" parfois plus contraignantes encore que les règles juridiques car la sanction sociale peut être fatale.” Pierre Brunet
Quatrième séance : Mercredi 24 avril à 19H30
MIRAGES DE LA VIE
Imitation of Life
Séance présentée par Magali Bessone, Professeure de philosophie à l’UFR de philosophie
1958 (Technicolor) 2h05 (4K) de Douglas Sirk
Scénario : Eleonor Griffin, Allan Scott, d'après le roman de Fannie Hurst
Photographie : Russell Metty
Musique : Frank Skinner et Henry Mancini (non crédité)
Avec Lana Turner, John Gavin, Sandra Dee, Juanita Moore
Dans les années 50, deux femmes, l’une blanche et l’autre noire, élèvent ensemble leurs filles. Mais lorsque celles-ci grandissent, des conflits vont conduire au drame... “Le film se centre sur la rencontre, puis la vie de quatre femmes : Lora Meredith, qui est mue par l’ambition d’être une actrice internationalement reconnue, et sa fille Susie, qu’elle élève seule, d’un côté, et Annie Johnson et sa fille Sarah Jane, qui viennent vivre chez elles, de l’autre – ces deux dernières étant identifiées comme noires, bien que Sarah Jane puisse « passer » pour blanche en raison de sa couleur de peau très claire, et rejette son identification raciale noire.” Magali Bessone
Cinquième séance : Mercredi 22 mai à 19H30
THE SERVANT
Séance présentée par Amine Benabdallah, doctorant contractuel à l’UFR de philosophie
1963 1h52 (4K) de Joseph Losey, Scénario : Harold Pinter, d'après le roman court (publié en 1948) de Robin Maugham
Photographie : Douglas Slocombe,
Musique : John Dankworth, Avec Dirk Bogarde, Sarah Miles, James Fox
À Londres, Tony, un aristocrate jeune et brillant, vivant dans une luxueuse demeure du XVIIIème siècle, engage Hugo Barrett comme domestique. Ce dernier se révèle être un valet modèle, travailleur et intelligent. Mais Susan, la fiancée de Tony, n'apprécie pas le comportement de Barrett, lui trouvant quelque chose de malsain. “Dans une confortable maison londonienne, un jeune et riche maître engage un valet irréprochable qui répond à ses moindres désirs. Peu à peu la maison change d’aspect et la dynamique figée qui la structure s’enraye. L’étouffante intimité transforme la relation en lutte et le récit de celle-ci nous éclaire sur une question qui traverse l’histoire de la philosophie politique : Pourquoi les aristocraties ne durent pas ?” Amine Benabdallah
Sixième séance : Mercredi 19 juin à 19H30
CETTE SACRÉE VÉRITÉ
The Awful Truth
Séance présentée par Sandra Laugier, professeure de philosophie à l’UFR de philosophie
1937 1h31 (4K) de Leo McCarey
Scénario : Vina Delmar et Sidney Buchman (non crédité), d'après la pièce de théâtre éponyme d'Arthur Richman
Photographie : Joseph Walker, Musique : Ben Oakland, Avec Cary Grant, Irene Dunne, Ralph Bellamy, Alexander D'Arcy, Cecil Cunningham
Jerry Warriner et sa femme Lucy se mentent depuis longtemps sans en être dupes. Ils décident donc, d'un commun accord, de divorcer. Ils s'engagent tous les deux à d'autres personnes : Lucy avec un riche mais ennuyeux homme d'affaire d'Oklahoma qui voyage avec sa mère, Jerry avec Barbara Valance, une jeune héritière. Chacun fait de son mieux pour que les plans de l'autre échouent... “Dans À la recherche du Bonheur, son classique ouvrage consacré aux comédies hollywoodiennes du remariage, Stanley Cavell considère que The Awful Truth est “la plus profonde du genre”. Outre sa puissance philosophique, le film contient des scènes comiques inoubliables.” Sandra Laugier