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Colloque

Althusser 1965

Retour à Marx : épistémologie et théorie de l’histoire

organisé par Judith Revel (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/ISJPS-Phico-EXeCO et IUF), Pascale Gillot (Université de Tours, ICD) et Lorena Balbino (Université de Londrina au Brésil, chercheuse en post-doctorat à l’Université de Tours)

L’année 2025 correspond au soixantième anniversaire de la publication de deux ouvrages majeurs du philosophe Louis Althusser : Pour Marx (Paris, Maspero, 1965) et Lire le Capital (Paris, Maspero, 1965), écrit en collaboration avec Etienne Balibar, Roger Establet, Pierre Macherey et Jacques Rancière. Ces deux ouvrages, qu’Althusser lui-même, dans ce cadre de son « auto-critique » ultérieure (Eléments d’autocritique, 1974), a pu associer à un certain « théoricisme », redevable du schème de l’analyse structurale, n’ont pas bénéficié ces dernières décennies de l’attention qu’ils méritaient. Ils ont été en quelque sorte recouverts par l’intérêt massif accordé aux derniers écrits d’Althusser, ceux des années 1980, consacrés au « matérialisme aléatoire ». 

Pourtant, les textes althussériens des années 1960 portent un projet épistémologique et historique irréductible à un objectivisme figé - parfois associé aujourd’hui au « structuralisme ». Ils sont le lieu d’élaboration de concepts décisifs et originaux, comme ceux de surdétermination, de « tout complexe à dominante », et de causalité structurale (l’efficace d’une cause absente), qui engagent déjà, bien avant les textes du matérialisme aléatoire, la représentation d’une causalité historique irréductible au schème de la contradiction simple et de la nécessité unilinéaire. La théorie de la causalité historique qu’Althusser, dans Pour Marx et dans Lire le Capital, élabore contre une représentation mécaniste et nécessitariste de la topique marxienne (structure et superstructure), fait droit à l’incidence de la contingence dans la sphère socio-économique, comme en témoigne du reste l’importance de la pensée de Machiavel, et de celle de Lénine, dans la reprise althussérienne des écrits de Marx relatifs au matérialisme historique. La notion de causalité structurale, à cet égard, se révèle exemplaire, dans la mesure où, sous la double égide de Marx et de Freud, elle autorise une conception inédite de la causalité historique rétive à un modèle continuiste, et rend concevable la représentation de temps historiques multiples et diffractés. Une telle conception discontinuiste et non téléologique du temps historique entre du reste en résonance décisive avec la thématisation, notamment foucaldienne, développée dans le cadre même des années 1960, d’une histoire discontinue. 

C’est donc au caractère vivifiant et aux tensions internes stimulantes qui parcourent ces textes althussériens des années 1960, et aux échos qu’ils rencontrent dans le champ de la philosophie française des années 1960, que nous souhaiterions faire nous-mêmes retour, afin de mettre au jour la fécondité, pour notre temps, de ce qui se trouva engagé dans le retour althussérien à Marx, où se lit aussi l’empreinte de Machiavel, de Spinoza, de Freud et de Lacan. Il ne s’agit donc pas de procéder à une célébration figée de ce qui pourrait être – à tort – identifié aux archives d’un marxisme structuraliste désormais enseveli. Bien au contraire, il s’agit de faire ressurgir la puissance intempestive des outils théoriques que Louis Althusser, dans le cadre de son projet de mise au jour de la philosophie latente de Marx, s’est attaché à construire, dans l’ordre de la théorie de la science et de l’histoire, à distance programmatique de tout dogmatisme.  



PROGRAMME (attention: réservation nécessaire)

Vendredi 26 septembre 2025
Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, Centre Panthéon, salle 06

Matin 

9h00 : ouverture du colloque

9h30-10h30 : 
Jean-Baptiste VUILLEROD (Université de Namur) : « Un « mauvais sujet » est-il possible ? Retour sur la théorie de l’interpellation chez Althusser (à partir de quelques questions soulevées par Judith Butler) »

10h30-11h30 :
Audrey BENOIT (Paris 1 Panthéon-Sorbonne/HIPHIMO) : « Althusser, théoricien de la lecture : portée et limites de la critique de l’illusion empiriste »

11h30-11h45 : Pause

11h45-12h45 :
Pascale GILLOT (Université de Tours) : « L’épistémologie anti-empiriste de « L’objet du Capital » : enjeux contemporains »

Après-midi

14h30-15h30 : 
Frédéric MONFERRAND (Université Paris 1/ISJPS-PhiCo) : « "Unité de rupture" : histoire et révolution chez Louis Althusser »

15h30-16h30 
Frank FISCHBACH (Université Paris 1/HIPHIMO) : « Qu’en est-il de la nature dans la topique marxienne lue par Althusser ? »

16h30-17h30 : 
Lorena BALBINO (Université de Londrina, Brésil) : « Le moment de la théorie : retourner à la critique de l’humanisme »


Samedi 27 septembre 2025
Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, Centre Panthéon, salle 06

Matin 

9h30-10h00 : Présentation du fonds Althusser à l’IMEC

10h15-11h15 :
Etienne BALIBAR (Université Paris Nanterre) : « Travail et capital : pour une axiomatique non-marxienne »

11h15-12h15 :
Vittorio MORFINO (Université Milano-Bicocca) : « La « déconstruction » de la Préface de 1859 entre Pour Marx et Lire le Capital »

12h15-12h45 : Discussion générale et conclusion

 


Programme Althusser
(PDF, 246 Ko)