Hommage à Marina Maestrutti
Ses collègues et amis de l’université ont appris avec une immense tristesse le décès de Marina Maestrutti, maîtresse de conférences en sociologie, vendredi 22 janvier à l’âge de 52 ans.
Marina Maestrutti a fait toute sa carrière d’enseignante au sein du département de sociologie (UFR de philosophie) de l’université. Elle y a été très mobilisée sur les enjeux pédagogiques, et toujours d’une grande disponibilité pour ses étudiants. Enseignant la psychologie sociale et l’anthropologie, elle a par ailleurs développé depuis quelques années des enseignements sur les questions du genre.
Après un diplôme de troisième cycle en philosophie en Italie, Marina Maestrutti a rejoint le Centre d’études des techniques, des connaissances et des pratiques (CETCOPRA) en 1997, pour y travailler avec Alain Gras et Victor Scardigli, dans le cadre d’une socio-anthropologie des techniques. C’est là qu’elle engage ses recherches sur les imaginaires, puis, à partir de 2003 vers les imaginaires des représentations techno-scientifique du corps. Elle soutient sa thèse en épistémologie et histoire de sciences et techniques en 2007, sous la direction de Bernadette Bensaude-Vincent. Thèse qui a s’est prolongée en 2011, par un ouvrage aux éditions Vuibert : Imaginaire des technologies. Mythes et fictions de l’infiniment petit, puis, en 2017, par Notre société sera-t-elle nano-technologique ?, aux Éditions du Pommier.
Les travaux de Marina Maestrutti se spécialisent ensuite sur les relations entre les corps et les technologies contemporaines dans le domaine de la santé. Ses recherches récentes l’avaient conduite à participer, entre-autres, à plusieurs enquêtes pluridisciplinaires sur les innovations techniques autour des prothèses et dispositifs de substitution sensorielle. Sa bibliographie est riche de très nombreux articles ou chapitres d'ouvrages. En 2018, elle a dirigé avec Florian Kröger Les imaginaires et les techniques aux Presses des Mines.
En 2007, elle fonde avec Caroline Moricot et Valérie Souffron (Paris 1 Panthéon-Sorbonne/Cetcopa) le réseau thématique Corps, technique et société de l’Association Française de Sociologie, puis en 2012, avec Daniela Cerqui (Unil) et Céline Lafontaine (UdM) le réseau thématique Corps, technosciences et société de I’AISLF. Elle en est restée jusqu’à ces derniers jours une infatigable animatrice. De 2016 à 2018, Marina avait été la vice-présidente de l’Association Science and Technology Studies Italia.
Depuis les imaginaires et les discours qui ont accompagné l’émergence des nanotechnologies et les fondements idéologiques, philosophiques et anthropologiques des techno-utopies du corps contemporaines (en particulier le transhumanisme et le posthumanisme), jusqu’à ses recherches en cours portant sur des questions liées à la santé et à l’innovation technologique, ses travaux laissent la trace d’une chercheure passionnée, engagée, et d’une insatiable curiosité.
► Retrouver le texte de Marina Maestrutti dans le dossier du dernier numéro de #1257 (page 46)